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08 mai 2025

Davide Buscemi - dbuscemi@medialo.ca

« Avec le président Trump, rien n’est stable »

Répercussions des taxes imposées par les États-Unis sur le monde minier témiscabitibien.

©Unsplash.

Répercussions des taxes imposées par les États-Unis sur le monde minier témiscabitibien.

Professionnels du secteur minier s’étaient réunis, le 26 février, lors d’une conférence organisée par l’Institut canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole (ICM) section Amos pour débattre des répercussions des taxes imposées par les États-Unis. Un sujet toujours d'actualité.

Un secteur minier face aux tarifs douaniers
L’événement, tenu dans les laboratoires de Val-d’Or, a permis de rassembler des figures clés de l’industrie, dont le président de la section ICM Amos, Robert Cloutier, un conseiller expert en politiques minières au ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, Patrice Roy, et le consultant et président de l’Ordre des géologues du Québec, Serge Perreault.

L’un des principaux points abordés fut l’impact des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium imposés par l’administration américaine. Ces mesures protectionnistes inquiètent les acteurs du secteur, car elles risquent de ralentir les investissements, augmenter les coûts des projets miniers et affecter la compétitivité de l’industrie. 

En réponse directe à l’une de nos questions évoquant le 10% du pétrole canadien applicable ou pas sur les autres ressources naturelles, Serge Perreault s’est exprimé :  « C’est difficile à prévoir. Dans ce genre de dossier, les alliés des États-Unis deviennent essentiels. Ce sont surtout les transformateurs — les Alcoa de ce monde, basés aux États-Unis — qui vont exercer de la pression, non pas directement sur Trump, mais sur son entourage. 
 C’est pour lui faire comprendre qu’en imposant des tarifs, ce ne sont pas les producteurs comme nous qui en subiront les conséquences. 

Comme l’Association de l’aluminium du Québec l’a bien dit : il existe déjà une prime à l’achat d’aluminium québécois aux États-Unis. Ceux qui vont payer cette prime, ce sont les transformateurs américains. Au final, c’est l’Américain moyen qui verra le prix de ses canettes de bière augmenter. 

Pourquoi ? Parce que la taxe, ou le tarif douanier, s’applique à l’importateur, pas à l’exportateur. Si le Canada décidait de taxer ses propres exportations, là ce serait différent. Avec ce président-là, rien n’est stable. Il peut partir sur une idée le matin, et changer complètement d’avis le soir. » 

Sur l'or, l'impact est moindre
Le coprésident fondateur d’InnovExplo, Alain Carrier a poursuivi :  « Ce sont surtout les métaux issus de la deuxième et de la troisième transformation qui risquent d’être touchés. On parle ici d’alumineries, d’acier, et même, éventuellement, de lithium — si on en vient à produire des batteries au Québec. C’est à ce niveau-là que des pénalités pourraient s’appliquer. 

Dans l’industrie plus traditionnelle, comme celle de l’or, l’impact est moindre. On extrait, on coule un lingot directement sur le site minier : c’est un processus relativement simple, qui se prête bien à l’exportation. Mais dès qu’on entre dans le marché des concentrés, ou dans les étapes plus avancées de transformation, les effets se font sentir. 
On en voit déjà les conséquences concrètes : Niobec a procédé à des mises à pied récemment, tout comme Rio Tinto.
»

L’essor d’une nouvelle exploration
En 2020 fut lancé le Plan pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques qui s’achève le 31 mars. Les effets dudit plan sont une augmentation de 271% des dépenses des sociétés d'exploration pour la recherche de minéraux critiques et stratégiques. 

Cela représente plus de 50 % des dépenses totales d'exploration. Ce sont 34 projets sur 47 projets miniers qui sont des projets liés aux minéraux, critiques et stratégiques, selon les données de 2023. 

Risque de récession mondiale ?
Les tensions commerciales entre les États-Unis et leurs partenaires risquent d’avoir des effets bien au-delà du Québec. Serge Perreault a mis en garde contre les risques géopolitiques.

« Si les États-Unis vont loin dans cette guerre aux tarifs et les maintiennent, le danger, c’est d’amener vers une récession qui n’est pas juste américaine, mais une récession mondiale. C’est à peu près ce qui est arrivé dans les années 1920, quand les États-Unis avaient imposé d’énormes tarifs sur les produits qui entraient aux États-Unis.  Ça avait généré des représailles de tout le monde et mené à la grande récession qu’on a connue à la fin des années 1920 ». — Le président de l’Ordre des géologues du Québec, Serge Perreault

D’aucuns suggèrent d’établir des alliances économiques solides avec d’autres marchés, notamment l’Union européenne et l’Asie, afin de diversifier nos débouchés et réduire notre dépendance au marché américain. 

Le vice-président principal (projets) de Dumont Nickel, Christian Brousseau, sur un ton humoristique, se veut réaliste et optimiste : « à propos de boule de cristal, on sait que durant le premier mandat du président Trump, il y a eu des tarifs douaniers, ça a duré une certaine période, ça a fait mal un peu à son économie, puis il s'est ravisé. Est-ce que c'est ça qui va se passer ? Dieu seul le sait ». 

L’économie mondiale a vécu d’autres soubresauts comme le rappelle Serge Perreault:`« La Chine, en 2010, a décidé de stopper les exportations de terres rares vers le Japon, ce qui créa une crise. Ce qui a réveillé les pays de l'OCDE. Conséquence : les prix des terres rares ont monté en flèche, multipliés par 200 à 300 % qui sont retombés par la suite. Tout le monde a réalisé Houston, we have a problem. La Chine contrôle aussi la chaîne de transformation de ces ces métaux-là ».

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